Depuis plusieurs décennies, mais davantage encore depuis 2003 et la mobilisation contre la réforme des retraites de Fillon, le taux de syndicalisation a énormément baissé parmi les salariés.
Le facteur de précarisation de l’emploi, dans le privé mais également dans les fonctions publiques, en  est une des causes, car elle morcèle les corps de métiers en créant des divisions statutaires et donc, revendicatives.

La réduction du démocratisme institutionnel, avec, récemment la nouvelle loi « Fonction Publique » qui a supprimé le paritarisme (le fait que les représentants des salariés aient droit de regard sur les carrières ou les mutations des collègues pour éviter tout arbitraire ou « passe-droit »), est un autre facteur qui explique la baisse d’intérêt des salariés pour les syndicats.

La répression de plus en plus violente, qui s’abat de manière quasi-systématique à chaque mobilisation sur les syndicalistes, terrorise également les salariés. Ces derniers mois, plusieurs représentants syndicaux ont été violentés, arrêtés et parfois jugés pour avoir participé à des manifestations légales.

Les défaites syndicales, relayées de manière éhontée par le pouvoir et les médias quand, à contrario, les batailles gagnées (contre les projets gouvernementaux qui menacent le bien commun sont ajournés ou retravaillés dans le bon sens pour la population) sont totalement passées sous silence. Cela ne contribue pas à prouver à l’opinion publique mais également aux travailleurs, l’utilité du travail syndical.

Cette crise de l’engagement revendicatif et démocratique parmi les travailleurs est au reflet de ce que nous pouvons tous constater dans les scrutins électoraux : nous ne voulons plus participer aux mascarades.

Les syndicats ont, bien sûr une part de responsabilité dans la perte d’adhérents dont ils souffrent. Peut-être ne se sont-ils pas suffisamment emparés des grands enjeux politiques en faisant des campagnes trop corporatistes et donc, non fédératrices ? Peut-être que d’être restés à part du mouvement populaire des Gilets Jaunes a été plus qu’un rendez-vous manqué mais bien une erreur politique de la part des grands syndicats historiquement populaires et progressistes de notre pays ?

Une chose est sûre, c’est qu’affaiblis depuis des décennies, il a été beaucoup plus facile pour les derniers gouvernements de faire la sourde oreille  aux revendications portées par les travailleurs via les syndicats, en objectant leur manque de représentativité des différents corps de métier.

Mais pourtant, et depuis le XIX siècle et l’ère industrielle, ce sont bien les syndicats qui ont travaillé à l’amélioration des conditions de travail pour tous. Même pendant la mise en place du Conseil National de la Résistance, à qui on doit, entre autre, la sécurité sociale et les nationalisations entre autres, les syndicats de salariés ont maintenu la pression. De tout temps et par tous les régimes, rien ne nous a jamais été donné sans qu’on le réclame, voire sans qu’on aille le chercher.

Un syndicat n’est pas seulement un outil de défense de la carrière, il doit à nouveau être considéré comme lieu de réflexions et d’échanges sur les questions de vie en communauté, de biens communs, de projet social, écologique et démocratique, et impulser les transformations qu’exigent les grandes problématiques de notre époque.

Le syndicat doit redevenir l’outil de tous les salariés afin de recréer le rapport de force avec les employeurs et notamment, en ce qui nous concerne, le pouvoir. Le syndicat doit redevenir l’affaire de tous, et non d’une poignée qui prendrait les décisions sans la profession. De tous temps, les syndicats sont ceux grâce à qui nous avons acquis des droits dans un cadre légal, il serait temps de leur redonner la puissance de continuer les combats des travailleurs pour la défense de l’emploi, l’égalité, les conditions de travail.