Le projet de François Fillon de concentrer les remboursements sur les maladies graves et de longue durée en renvoyant le reste aux complémentaires privées a au moins le mérite d’inviter la question du financement des dépenses de santé dans le débat des présidentielles.

La "Sécu" rembourse en moyenne aujourd’hui 75% des frais de santé. Mais elle se concentre déjà sur les "gros risques" comme à l’hôpital et les affections longue durée (ALD), respectivement pris en charge à 90% et 100%. Hors ALD, elle ne rembourse que 50%des soins de ville, et encore moins pour l’optique, le dentaire, les audio-prothèses.

Les désengagements successifs, qu’aucun gouvernement n’a jamais remis en cause, ont augmenté le "reste à charge" des patients et rendu de plus en plus indispensable le recours à une assurance maladie complémentaire (AMC). ils sont même entérinés par la loi du 14 juin 2013 qui a rendu obligatoire à partir du 1er janvier 2016 la complémentaire collective d’entreprise pour les salariés du privé.

L’univers concurrentiel des complémentaires

Or, le glissement opéré au fil du temps de l’assurance maladie obligatoire (AMO) vers l’assurance maladie complémentaire (AMC) s’est fait sans aucun débat citoyen alors que les complémentaires santé évoluent dans un univers très concurrentiel qui va à l’encontre des logiques de solidarité. Au lieu de mutualiser les risques, les opérateurs tendent à les segmenter, ce qui produit des inégalités dans l’accès aux soins et à l’assurance. Mises en difficulté par la concurrence "libre et non faussée" organisée au niveau européen, les mutuelles s’éloignent de fait des principes solidaires qui ont fondé leur existence. Attaché à la logique solidaire de la Sécurité Sociale créée en 1945 ( "chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins")


""

la FSU s’est depuis longtemps prononcée pour la reconquête d’une protection solidaire de haut niveau, ce qui suppose de mobiliser des recettes supplémentaires dans le cadre d’une autre politique de l’emploi, des salaires et de redistribution des richesses.

Elle s’est prononcée, dans ce cadre, en faveur d’une politique ambitieuse de santé publique qui développe la prévention à tous les âges de la vie avec un budget conséquent, qui revienne sur les régressions imposées ( déremboursements, franchises, forfait hospitalier) et qui couvre tous les besoins en tendant vers un taux de remboursement de 100% des soins médicaux utiles.

Eller entend contribuer à la construction d’un mouvement syndical et citoyen de grande ampleur pour peser dans les débats de la campagne présidentielle.
Monique Daune