
Ce mardi 16 décembre avait lieu la journée de mobilisation nationale AESH pour revendiquer un statut de catégorie B de la fonction publique. Un rassemblement était prévu à 10h devant la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale. Une conférence de presse a eu lieu et nous avons été reçus en audience à 10h30 par l’administration.
Étaient présents:
Pour l’administration: Madame l’inspectrice ASH de l’Education Nationale, madame la responsable du SAGAH.
Pour les organisations syndicales: 2 représentants de la FSU 36, 2 représentants de la CGT Educ’action 36, 1 représentant du SE-UNSA 36 et 1 représentant du SNALC Orléans-Tours.
Nous avons dressé un bilan de l’école inclusive pour cette première période de l’année scolaire:
- A la rentrée 2025, 48 726 élèves en situation de handicap étaient en attente d’un.e AESH, sur les 352 102 élèves qui y ont droit. En 2024, ils étaient 36 186 soit une hausse d’environ 35% en un an.
- Dans l’académie Orléans-Tours, ils étaient environ 1500 sans solution d’accompagnement en septembre, dont environ 300 dans le département de l’Indre.
- Pour les autres, la dotation AESH s’est effondrée. Elle ne suffit parfois pas à assurer l’accompagnement des élèves avec une notification individuelle, ce qui oblige les équipes à ne faire que de l’accompagnement mutualisé en dépit des prescriptions de la CDAPH. Quant aux accompagnements mutualisés, il est devenu fréquent qu’ils ne dépassent pas 2 à 4h hebdomadaires.
Pour les AESH du département, les conditions de travail se sont encore dégradées:
- Les AESH sont toujours recruté.es en très grande majorité à temps partiel (62% pour 24h hebdomadaires), ce qui place leur rémunération en dessous du seuil de pauvreté.
- Certain.nes AESH accompagnent jusqu’à 12 élèves par semaine, et jusqu’à 4 élèves mutualisés en même temps.
- La politique de mutualisation des moyens et l’instauration des PIAL les ont soumis.es à une flexibilité extrême: emplois du temps éclatés, notifiés à la dernière minute et évolutifs au cours de l’année.
- Des affectations multiples (jusqu’à 3 établissements parfois distants de 20km) impliquant des trajets le plus souvent à la charge des AESH et sans que le temps de trajet entre deux établissements ne soit compté comme du temps de travail.
- Des décisions arbitraires qui mettent à mal leurs droits: jours de fractionnement, accompagnement sur le temps d’activités connexes, missions non règlementaires…
- Une formation initiale lacunaire et une formation continue inexistante.
- Une amplitude hebdomadaire de service non compatible avec l’exercice d’un second emploi, qui est pourtant souvent nécessaire pour vivre décemment.
- Des congés maladie ou maternité, parfois longs de plusieurs mois, non remplacés.
- Des situations liées au handicap de plus en plus complexes…
Nous avons enfin porté nos revendications pour obtenir un statut de catégorie B de la fonction publique:
- Un temps plein basé sur un accompagnement de 24h hebdomadaires.
- Une augmentation significative des salaires ainsi qu’un déroulé de carrière.
- Un cadre d’emploi protecteur avec les mêmes droits que nos collègues fonctionnaires (mobilité, paritarisme…)
- Une véritable formation initiale et continue de qualité.
- La fin des PIAL et des PAS, et plus généralement de la politique de mutualisation des moyens.
- Le recrutement d’AESH en fonction des besoins.
La DSDEN nous répond qu’elle transmettra nos revendications en toute transparence. Elle précise:
- Un plan triennal de formation continue sera bientôt proposé aux AESH du département. Son déploiement est prévu par PAS dès le début de l’année 2026.
- Les demandes d’augmentation de quotités seront étudiées selon les besoins (nous ajoutons que pour l’instant, la totalité des demandes qui ont été formulées par les AESH et dont nous avons eu retour ont été refusées).
- Les PAS ne se substituent pas aux PIAL pour le moment. Les AESH ne restent donc affecté.es qu’aux élèves notifiés par la CDAPH dans le cadre de leur PIAL.
- Enfin, l’administration ne s’oppose pas au retour de la réunion plénière de rentrée, souhait émis par les AESH depuis de longues années, mais précise que sa mise en place ne pourra se faire que par zones.
Les missions des AESH sont indispensables au fonctionnement de l’école inclusive. Pourtant, onze ans après la création de nos métiers, la précarité reste la règle: temps de travail incomplet, rémunération sous le seuil de pauvreté, flexibilité et mobilité écrasantes, formation lacunaire, absence de réelle reconnaissance. Majoritairement féminisé, ce métier essentiel est maintenu dans des conditions indignes. Le discours institutionnel sur l’inclusion et l’égalité hommes-femmes ne peut plus soutenir cette contradiction. Sans moyens, l’école inclusive n’est qu’un slogan. Exigeons dès maintenant un statut de fonctionnaire pour les AESH.
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