La FSU a décidé de s’adresser aujourd’hui aux candidat-es à l’élection présidentielle – excepté au Front National considérant que son programme remet en cause les valeurs de la République et la démocratie – pour leur faire connaître son analyse et ses propositions. Elle les interroge aussi sur nombre de points et particulièrement sur le projet de chacun et chacune concernant particulièrement la Fonction publique et ses agents.
Trop souvent, l’argument de la crise économique place la Culture en variable d’ajustement de politiques austéritaires
Le secteur culturel a largement pâti de la politique des deux derniers quinquennats. Trop souvent, l’argument de la crise économique a servi à le placer en variable d’ajustement de politiques austéritaires de droite comme de gauche.
Le ministère de la culture, élément central du service public culturel, a été très attaqué par la RGPP comme par la MAP, responsables d’une diminution dramatique de ses effectifs (plus de 1000 postes supprimés sur un total de 24.000). Les directions régionales des affaires culturelles, particulièrement frappées par ces suppressions sont, par surcroît, embourbées dans une réforme territoriale (MAPTAM – NOTRe) qui compromet gravement leurs missions.
Au chapitre de la création, de fortes inquiétudes subsistent quant à une réelle volonté politique de soutenir un secteur pourtant réputé « productif » (cf. rapport Filippetti/Moscovici). La nouvelle loi Création, Architecture, Patrimoine est largement insuffisante sous le rapport des obligations de résultat et le sauvetage du statut des intermittents par l’affectation d’un fond dédié n’apporte aucune garantie de pérennité.
Dans le secteur du patrimoine (musées, monuments historiques, archives, archéologie…), et contrairement à l’optimisme des annonces officielles, on constate une baisse de crédits d’État de l’ordre de 9% à périmètre constant entre 2012 et 2017.
Les agent-es aspirent à des conditions de travail normales…
Ainsi qu’à un respect de leurs métiers et à de meilleures rémunérations, à la hauteur de l’investissement qu’ils.elles y apportent.
Par ailleurs, dans un ministère de la culture qui compte plus de 50% d’agent.e.s non titulaires, il a toujours manqué la volonté de mener à bien les chantiers statutaires qui permettraient de vaincre une bonne fois pour toutes la précarité, parfois insupportable, qu’on rencontre dans les services et la centaine d’établissements publics sous tutelle.
La culture n’est pas une marchandise destinée à faire du profit, elle est un bien commun
Aussi essentielle que l’éducation et la santé, indispensable tant pour le vivre ensemble que pour l’émancipation et l’épanouissement de tous.
Aux termes de l’article 13 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. »
Dans ce domaine de compétences aux multiples acteurs (collectivités territoriales, secteur associatif, branches professionnelles), seul un ministère de la culture de plein exercice, doté de moyens d’intervention à la hauteur de l’enjeu, peut maintenir, développer et partager ce bien commun sur tout le territoire et dans toutes les strates de la société.
Il convient donc d’écarter les spectres d’externalisation, de marchandisation, de « libéralisation » de secteurs, de sites ou d’activités du service public culturel.
Il convient aussi d’établir des partenariats forts entre le MCC et les ministères chargés de l’enseignement, de la recherche et de la jeunesse.
Une question aux candidats
Dans son article 9, le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 – toujours lui
– énonce que « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. »
En 2001 et 2002, le gouvernement de gauche donne un vrai statut à l’archéologie préventive et crée l’INRAP.
En 2003, dans un esprit de revanche, le gouvernement de droite ouvre le secteur à la concurrence contre toute raison économique puisqu’il fait mine de considérer comme des clients (donc, des gens qui commanderaient des opérations de fouilles et des rendus scientifiques) des aménageurs qui s’acquittent d’une redevance et ont pour seul souci de clore le chantier archéologique le plus vie possible.
Cette situation absurde a causé des dommages considérables tant sur le plan de la connaissance du passé que sur les conditions de travail de ceux et celles qui sont impliqué.e.s dans la production de cette connaissance.
Depuis des années, nous réclamons l’arrêt de ce marché artificiel qui ne produit que du dumping social et scientifique.
Si vous êtes élu, prendrez-vous la décision politique de clore ce pseudo-marché ?
Plus largement : redonnerez-vous à la puissance publique le rôle central qui doit être le sien au regard des grandes missions du service public culturel (aide à la création, sauvegarde du patrimoine, démocratisation de la culture) en excluant de ce champ les « partenariats public-privé », les externalisations et autres « délégations de service public » ?
A lire : le document "La FSU interpelle les candidats"