Fin septembre, le ministre de l’intérieur et l’Elysée exposaient un projet de loi sur le séparatisme.
Comme le dénonçait déjà l’intersyndicale (CGT; FSU; Solidaires; UNL; UNEF) dans un communiqué le 25 septembre :
« ce sont nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane qui sont visés par ce projet de loi. Les exemples donnés dans les médias se réfèrent systématiquement à l’Islam, aux musulmanes et aux musulmans. Ce projet de loi vise à désigner un « ennemi intérieur ». »
« Hérité du racisme colonial, ce projet est une nouvelle expression d’un débat public saturé de fantasmes xénophobes : l’usage du mot « ensauvagement » répété à l’envie par le ministre de l’intérieur, la monstrueuse mise en scène raciste de la députée Danièle Obono dans Valeurs actuelles, la « plaisanterie » d’un ancien président de la République assimilant « singe » et personnes noires, les humiliations publiques répétées de femmes qui portent le foulard… tout cela n’est pas le domaine réservé de l’extrême droite. »
Si l’instrumentalisation du fait religieux existe, les usages radicaux et politiques de la religion ne relèvent pas uniquement de l’islamisme. Les réseaux liés à l’intégrisme chrétien ou à des sectes au sein de nombreux secteurs sont passés sous silence, peut-être parce qu’ils sont parfois ancrés dans les sphères de décision. L’ensemble du discours présidentiel s’inscrit en droite ligne de celui de son ministre de l’Intérieur pour préparer les futures élections présidentielles en instrumentalisant la laïcité.
La diversité culturelle n’est pas une menace. C’est quand la République se détourne des réalités sociales, qu’elle laisse perdurer ou s’amplifier les inégalités et les discriminations facteurs d’exclusion, que s’installe le terreau favorable à la remise en question de la laïcité et du vivre ensemble.
Et la semaine dernière, enfonçant le clou de la stigmatisation et de la volonté de scinder la population en deux et en ne cachant même plus l’intention identitaire et de replis sur soi, Guillaume Peltier lançait une pétition en ligne demandant la fin de l’enseignement de la langue arabe dans les établissements, suivant le raisonnement que seule la langue française devrait être enseignée à l’école. En plus d’être condamnable, ce type de raisonnement est dangereux, car en fermant l’accès à d’autres langues et cultures, il conduit nécessairement au repli identitaire et au communautarisme. Les apports de la culture arabe dans les domaines scientifiques et littéraires sont donc inexistants pour lui ?
Sa sympathie pour l’enseignement confessionnel privé catholique lui fait-elle perdre de vue que l’enseignement public est laïc et qu’à ce titre, l’enseignement de la langue et culture arabe n’a rien à voir avec un quelconque enseignement religieux ?
Si une fois de plus, M. Peltier ignore le principe de laïcité pour en faire un outil d’exclusion et de stigmatisation d’une religion, on peut supposer que le projet de loi sur le séparatisme a largement donné des ailes au député de droite, dont les origines militantes aux côtés de l’extrême droite est connue de tous.
Le rôle de l’école de la République doit continuer à être de développer l’accès à la culture et à la langue arabe au plus grand nombre d’élèves, de tous horizons et de toutes cultures pour lutter contre la peur de l’autre et le repli sur soi.
La FSU dénoncera toujours les discours de haine et de stigmatisation et continuera ses combats laïcs contre toutes les formes de racismes, d’exclusion et de fondamentalismes religieux. Il ne faudrait pas perdre de vue que ces discours haineux qui tendent à diviser le peuple ne sont que des écrans de fumée pour ne pas évoquer les grandes questions qui préoccupent réellement la population : le droit de naître, apprendre et travailler dignement sans être asservis au bénéfice des dividendes indécentes pillés par 0.1% d’exploiteurs.