JOURNÉE D’ACTION AESH DU 3 OCTOBRE 2023 : COMPTE RENDU D’AUDIENCE AVEC LA DSDEN
Étaient présents pour les organisations syndicales :
- Lucie Moreau, Professeur des Écoles et déchargée pour la FSU
- Antoine Rabottin, AESH et déchargé pour la FSU
- La co-secrétaire départementale de la CGT Educ’action
- 2 AESH de l’Indre.
Étaient présents pour l’administration :
- Mme Pasquet, Secrétaire Générale de la DSDEN de l’Indre
- M. Vaas, Adjoint au Directeur Académique des services de l’Éducation Nationale de l’Indre
Nous avons débuté l’audience en rappelant la grande précarité, sous le seuil de pauvreté, des personnels AESH qui représentent plus de 10% des emplois du ministère de l’Éducation Nationale. Dans l’Indre, les AESH travaillent presque systématiquement avec des temps incomplets et très souvent dans plusieurs établissements. La réalité rurale de l’Indre renforce les difficultés du fait des frais liés à un véhicule souvent indispensable.
Nous avons rappelé nos principales revendications :
- La création d’un statut de fonctionnaire de catégorie B.
- L’augmentation de la rémunération de tout(e)s les AESH sur toute leur carrière, avec comme objectif l’alignement sur la grille de catégorie B de la Fonction Publique.
- La reconnaissance d’un temps complet pour tout(e)s.
- L’abandon des PIAL et de la mutualisation des moyens, qui dégradent les conditions de travail des AESH et les moyens d’accompagnement des élèves.
- La garantie d’accès à des formations qualifiantes à la hauteur des missions.
- Le recrutement d’AESH pour permettre à tous les élèves en situation de handicap de bénéficier d’un accompagnement à la hauteur de leurs besoins.
Nous avons ensuite évoqué le ressenti et les problématiques qui nous ont été remontés par les personnels AESH de l’Indre :
- Le recrutement à 62 % du temps complet devenu systématique dans le département (3 temps complets sur 352 AESH) et le manque de moyens déployés en fonction des besoins.
- Des nominations et changements d’établissement au dernier moment, à quelques jours de la rentrée, souvent source d’incompréhension pour les personnels.
- La non prise en charge des frais de transport entre les établissements (parfois éloignés d’une vingtaine de km) et l’inadaptation des horaires des transports publics aux horaires de travail sur Châteauroux.
- Une meilleure reconnaissance des attendus des AESH (notamment sur les missions ne correspondant pas à leur fiche de poste), la valorisation du métier et une véritable intégration au sein des équipes éducatives.
- La création de temps de concertation entre tous les acteurs de l’école inclusive (car trop souvent sur le temps personnel des AESH).
- La création d’un vrai plan de formation dans le premier et second degré.
- L’évolution de l’évaluation des AESH, qui doit être formative (avec objectifs et formation dans le but d’acquérir des compétences) plutôt que sommative.
Nous avons aussi alerté les membres de l’administration sur la dégradation générale des conditions de travail et de l’accompagnement des élèves au fil des années, et les avons questionnés sur l’ambition de l’école inclusive, notamment dans l’application de la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances (baisse de la quotité d’accompagnement des élèves notifiés avec l’arrivée de nouvelles notifications en cours d’année sans mise en œuvre de moyens supplémentaires).
Nous avons souligné que le fonctionnement de l’inclusion était essentiellement dû à la bonne volonté des personnels et regrettons que les moyens ne soient pas en adéquation avec les besoins.
Enfin, nous nous sommes étonnés du projet de fusion entre le métier d’AESH et celui d’AED (proposé lors de la Conférence sur le Handicap 2023), qui ne reconnaît pas la spécialisation des AESH bien qu’une formation de 60h leur soit dispensée en début de carrière et qu’un diplôme (DEAES avec spécialité « accompagnement à l’éducation inclusive ») ait été créé il y a quelques années.
Réponses de l’administration :
Madame Pasquet nous rappelle que l’utilisation du temps partiel (24 heures, 62%) correspond au temps de scolarisation dans le premier degré et qu’il est donc difficile d’influer sur cette quotité de travail.
Madame Pasquet met aussi l’accent sur les progrès portés aux contrats des AESH et notamment l’accès anticipé au CDI au bout de trois ans au lieu de six auparavant, ce qui permettrait de « sortir plus vite les AESH de la précarité ». Nous lui avons rappelé qu’un CDI à 62 % pour 900€ par mois ne sortait certainement pas les AESH de la précarité et ne faisait qu’ancrer cette précarité dans le temps.
Concernant le manque d’AESH dans le département, madame Pasquet ajoute que l’administration reste dépendante et doit s’adapter aux notifications de la MDPH quant au recrutement des AESH.
Nous regrettons que les enveloppes budgétaires ne nous soient pas communiquées et souhaitons que cette situation puisse changer à l’avenir.
Concernant les affectations problématiques, madame Pasquet nous informe que le service fait « ce qu’il peut » et invite les personnels concernés à se rapprocher des coordinatrices en cas de problème.
Concernant la meilleure intégration des AESH et la valorisation du métier vis-à-vis des équipes éducatives, l’administration reconnaît cette nécessité mais pose la question de sa faisabilité. Elle préconise une meilleure formation de tous les acteurs de l’école inclusive.
Monsieur Vaas ajoute qu’il peut être difficile pour l’enseignant d’avoir un personnel supplémentaire au fond de la classe et souligne le rôle prépondérant de la direction des établissements pour coordonner les actions de chacun.
Concernant la nécessité de concertation entre AESH et équipe éducative, madame Pasquet nous rappelle qu’un contingent « d’heures connexes » non travaillées est prévu sur le contrat des AESH, notamment ces temps de concertation. Nous lui avons rappelé que ce quota d’heures est nettement insuffisant et ne règle pas le problème de l’utilisation du temps personnel.
Concernant la spécialisation des AESH, l’administration nous a répondu que le projet de fusion AESH/AED, qui élargirait leur domaine d’intervention, pourrait permettre à terme d’augmenter la quotité de travail des AESH. Nous nous inscrivons en faux avec cette affirmation qui va à l’encontre de la reconnaissance de nos compétences et de la spécificité de notre métier.
Concernant les modalités d’évaluation des AESH, l’administration nous répond que les chefs d’établissement ont une autorité fonctionnelle et sont donc légitimes pour évaluer les personnels. Nous pensons au contraire que les directions ont la fonction de piloter les interventions des AESH mais ne sont pas forcement formés au rôle d’évaluateur. Nous pensons aussi que la proximité entre directeurs et personnels peut constituer un frein à l’objectivité de cette évaluation. Nous enjoignons donc les personnels de direction à ne pas évaluer les personnels.
Nous ressortons de cette audience avec le sentiment réciproque d’avoir eu un échange constructif avec l’administration mais nous regrettons que les solutions apportées ne soient que très parcellaires et souvent justifiées par une politique décidée au niveau national. Nous attendons des avancées plus conséquentes pour le département et continuerons à porter nos revendications pour l’amélioration des conditions de travail des AESH et l’inclusion des élèves à besoins particuliers.